Pour stopper la crise du logement, il convient combattre l'accumulation démesurée de richesses provenant du secteur de l'immobilier.

Du fait de la hausse des prix de l'immobilier, les 58 % des Français propriétaires du logement qu'ils occupent s'enrichissent plus vite par la valorisation de leur patrimoine que par la progression de leurs revenus.

Les pouvoirs publics disposent de quelques leviers de régulation directs, à travers en particulier l'encadrement des loyers du parc privé, pour compenser l'inégal rapport de force entre locataires et bailleurs dans les zones tendues. Cet outil, utilisé jusqu'ici très timidement, a été renforcé depuis 2012, avec la limitation des hausses de loyer à la relocation lors d'un changement de locataire et l'encadrement des loyers en fonction du loyer médian à Paris.

Mais la loi Alur, qui le prévoyait dans 28 agglomérations, n'est pour l'instant appliquée qu'à Paris intramuros - même si Lille et Grenoble pourraient suivre prochainement.

Egalement adoptée dans le cadre de la loi Alur, la garantie universelle des loyers (GUL) était censée substituer à la caution parentale une garantie publique contre les impayés. Mais le gouvernement a annoncé qu'il mettrait en œuvre à sa place un dispositif intitulé Visale, financé par Action Logement et moins ambitieux, qui ne couvrira pas les chômeurs ni les inactifs de plus de 30 ans.

Au-delà du marché locatif, il faudrait redistribuer la rente foncière. La Fondation Abbé Pierre défend une « contribution de solidarité urbaine », qui consisterait à surtaxer les transactions des biens immobiliers les plus chers, pour financer la rénovation et la production de logements abordables dans les quartiers qui en manquent, au sein d'une même agglomération.

Pour lutter contre la spéculation foncière, il faudrait taxer d'autant plus fortement une plus-value que le terrain a été détenu longtemps par son propriétaire après son classement en terrain constructible. Et réactualiser la valeur fiscale des terrains et des logements pour que ceux-ci soient taxés à leur juste valeur, celle d'aujourd'hui et non celle d'il y a quarante ans... Par ailleurs, il faudrait aussi taxer davantage les donations et successions afin d'améliorer l'égalité face au logement et à l'accumulation du patrimoine.

De telles réformes fiscales sont indispensables pour financer les aides à la pierre qui permettraient aux bail- leurs sociaux de construire des logements réellement sociaux dans les zones tendues, et pour mieux solvabiliser les locataires grâce aux aides à la personne.

Pour poursuivre vos recherches :