Il y a 14 ans et 162 jours
ITE : systèmes collée, fixé-calé ou par rails ? (suite 1)
Solution
n° 1 : Système collé
Simple et rapide, cette technique consiste à coller directement l’isolant à l’aide d’un mortier colle, sur la paroi à isoler. Seuls les isolants en fibre de bois, en polystyrène expansé (PSE) blanc ou en polystyrène expansé graphité gris (performance thermique 20 % supérieure au PSE blanc) sont admis.
La pose collée peut se réaliser de trois façons :
- par plots (16 plots de colle minimum au m2 représentant a minima 20 % de la surface de la plaque) déposés à quelques centimètres du bord du panneau ;
- en plein sur toute la surface du panneau (la colle est appliquée à la taloche crantée de 6 à 10 mm de profondeur en laissant une bande libre de 2 cm de large en périphérie du panneau pour éviter la pénétration de la colle au niveau des joints) ;
- par boudins (la surface encollée doit représenter au moins 20% de la surface de la plaque) discontinus (pour éviter un effet ventouse à la pose), d’épaisseur régulière, déposés en périphérie du panneau (en laissant également une bande libre de 2 cm) et en deux bandes croisées au centre.
Le collage en plein est conseillé sur un support de bonne planéité, le collage par plots étant plus adapté aux supports présentant des irrégularités de surface ou des écarts de planéité. Dans le cas d’une fixation collée de l’isolant, le support reprend en effet la charge propre du système d’isolation. La condition préalable au choix d’une pose collée est donc, de manière générale, d’avoir un support sain, cohésif et plan avec des défauts de planéité inférieurs à 10 mm sous la règle de 2 m. Sur un support revêtu, il est obligatoire d’effectuer un décapage en amont. Autres conditions d’application à respecter : la température extérieure doit être supérieure à 5 °C, inférieure à 30 °C ; les panneaux encollés doivent être appliqués sur le support en exerçant une pression et en contrôlant en permanence la planéité à la règle des 2 m ; lors de collage sur une grande hauteur dans une même journée, il est conseillé de fixer mécaniquement des rails horizontaux tous les 5 m environs pour éviter la mise en charge de l’isolant. À noter enfin que la consommation moyenne de colle est définie par l’ATE du mortier colle (Agrément technique Européen délivré par le Cstb) utilisé qui se présente sous la forme d’une poudre à gâcher, d’une pâte additionnée de ciment (avec pour avantage de pouvoir utiliser le même produit pour coller et réaliser le sous-enduit) ou d’un produit prêt-à-l’emploi (temps de séchage plus long donc à déconseiller en période hivernale ou humide).
Intérêts :sur support brut, cette technique convient pour les 4 zones géographiques définies par les règles Neige et Vent 65 (février 2009).
Limites : les panneaux en laine de roche ou laine de bois ne sont pas acceptés.
Solution
n° 2 : Système fixé calé
Également appelé calé-chevillé, ce système de fixation a pour énorme avantage d’être compatible avec tous les types d’ITE quelle que soit la nature de l’isolant (PSE, laine de roche, fibre de bois) et du support, brut ou revêtu.
Dans cette technique, la tenue de l’isolant sur la paroi est assurée à la fois par l’encollage du panneau isolant et, mécaniquement par fixations traversantes, à l’aide de chevilles à expansion (à tête large de 50 ou 60 mm de diamètre) positionnées au droit de ces plots. La densité au m2 des chevilles (8, 10 ou 12) et le plan de chevillage sont définis dans le DTA (Document technique d’application) du système d’ITE mis en œuvre. Une fois le mode de fixation ainsi déterminé, la mise en œuvre s’effectue en deux temps : calage de l’isolant avec le mortier colle puis, après séchage du mortier de calage, perçage des plaques et du support / mise en place de la cheville.
Il existe deux sortes de chevilles qui doivent toutes bénéficier d’un ATE (Agrément technique Européen) et être conformes aux prescriptions définies dans le DTA du système ITE :
- chevilles à frapper (cheville + clou nylon ou clou métal enfoncés au marteau caoutchouc) simples à mettre en œuvre, posées à fleur de l’isolant ;
- cheville à visser (cheville enfoncée au marteau + vis métal vissée à la visseuse ou au perforateur) 3 fois plus performantes à l’arrachement selon les fabricants que les chevilles à frapper. Elles se posent à fleur ou à cœur (enfoncées de 10 à 15 mm dans l’isolant, la tête de cheville étant recouverte par une rondelle de même nature que l’isolant ce qui élimine les ponts thermiques et réduit l’apparition de spectres sous enduit au niveau de la tête de cheville).
Pour limiter les ponts thermiques, les spectres et/ou fissures (pour un ITE sous enduit) au droit des fixations, la conductivité thermique de la cheville doit idéalement être la plus proche possible de celle du matériau isolant. Pour chaque modèle de cheville, le fabricant de cheville détermine la profondeur d’ancrage et l’épaisseur de l’isolant admissible. Le choix de la cheville dépend du type de support : chaque cheville est donc estampillée d’une lettre A, B, C, D et/ou E renvoyant à un type de support. A pour les supports en béton, B pour les matériaux pleins, C pour les matériaux creux, D pour le béton allégé et E pour le béton cellulaire. Retenez enfin que, pour connaître la longueur de la cheville à utiliser, il faut calculer la profondeur d’ancrage (donnée par le fabricant) + l’épaisseur de l’ancien revêtement éventuel + l’épaisseur du plot de calage + l’épaisseur de l’isolant.
Intérêts : un système bien adapté aux travaux de rénovation sur supports peints ou enduits et aux épaisseurs d’isolants importantes allant jusqu’à 340 mm.
Limites : des essais d’arrachements in situ du système de fixation sont à réaliser par le fabricant avant le démarrage de la mise en œuvre.
Solution
n° 3 : Système fixé mécaniquement par rails
Ce mode de fixation n’est utilisable qu’avec un isolant en polystyrène expansé blanc (PSE rainuré sur le chant) et, de préférence, sur supports revêtus (enduit, peinture, revêtement plastique épais…) présentant une planéité quasi irréprochable.
Le principe de mise en œuvre est simple : selon les performances recherchées, en fonction de la zone de dépression au vent normal (F1, F2 ou F3) dans laquelle se trouve le chantier, l’isolant (disponible en deux formats 500 x 500 mm ou 1 000 x 600 mm) est ceinturé par des rails de maintien en PVC sur 2 côtés (rails horizontaux fixés au support + profilés de jonction ou raidisseurs verticaux non fixés au support) ou sur 4 côtés (rails horizontaux + verticaux, tous fixés au support). Exemple… Pour obtenir le niveau de performance le plus élevé (niveau F3), il est conseillé de poser des plaques de 500 x 500 mm fixées sur les 4 côtés avec rails horizontaux et verticaux. A contrario, si une performance minimale (niveau F1) est suffisante, il est possible d’utiliser les mêmes plaques fixées seulement sur 2 côtés par rails horizontaux avec profilés de jonction verticaux, les rails (prépercés) sont fixés mécaniquement au support avec des chevilles à frapper.
L’espacement du chevillage doit être inférieur à 30 cm et la première fixation être située à moins de 5 cm de chaque extrémité du rail. La longueur de la cheville se calcule en additionnant la profondeur d’ancrage + l’épaisseur de l’ancien enduit + l’épaisseur de l’isolant.
Afin d’assurer la dilatation longitudinale des profilés de maintien, un espace de 2 à 3 mm est à respecter entre deux profilés horizontaux. Parmi les autres points de mise en œuvre à respecter, retenez qu’il est nécessaire de vérifier la rectitude des profilés et de compenser les différences de planéité par des cavaliers, qu’il faut gruger la face arrière des plaques de PSE pour compenser l’épaisseur des ailes du rail (certains panneaux sont déjà grugés lors de leur fabrication) et poser ces plaques à joints décalés d’au moins 10 cm. Le long des arêtes, dans les angles de bâtiment, aux angles de balcons… les panneaux isolants doivent être maintenus avec des chevilles PVC à tête circulaire d’au moins 50 mm de diamètre et à raison de 4 chevilles par mètre linéaire.
Intérêts : la mise en œuvre est possible quelle que soit la situation géographique et la zone climatique.
Limites : un domaine d’emploi relativement restreint, les limites de déformation du support étant fixées à 5 mm sous la règle des 2 m et pas de choix dans l’isolant, seul le PSE blanc étant autorisé.
Le point sur la réglementation
La mise en œuvre d’un système d’ITE doit respecter les préconisations prévues dans l’ATE (Agrément technique Européen) du complexe isolant et/ou de ses composants, les conditions de mise en œuvre du système rédigées dans le DTA (Documents technique d’application) qui accompagne l’ATE et intègre les spécificités réglementaires et celles définies par différents CPT (Cahier des prescriptions techniques) du Cstb (Centre scientifique et technique du Bâtiment), notamment le CPT1833 (mars 1983) “Conditions générales d'emploi des systèmes d'isolation thermique par l'extérieur”, le CPT 3035 (avril 1998), “Cahier de prescription technique d’emploi et de mise en œuvre des systèmes d’ITE avec un enduit mince sur polystyrène expansé” et son modificatif n° 1, le CPT 3399 (mars 2002).
Mise en œuvre de l’isolant en partie courante : petit rappel des bonnes manières
Si l’isolant ne descend pas jusqu’à la semelle de fondation, un
profil de départ (avec goutte d’eau) est fixé à 15 cm du point le plus
haut du sol. Les panneaux isolants (en plaque ou rouleau) sont ensuite
collés ou fixés mécaniquement, horizontalement ou verticalement, bout à
bout, de manière la plus jointive possible en ménageant juste un espace
de 5 mm à la jonction du système avec les menuiseries (ou autres points
durs) pour mettre en place un mastic de calfeutrement. Les isolants en
plaques doivent être posés à joints décalés de plus de 10 cm façon
“coupe de pierre” en partant depuis un angle (pose d’une demi-plaque) et
en procédant de bas en haut. Lorsque des joints ouverts existe entre
panneaux isolants, il est recommandé de les combler avec un produit type
mousse polyuréthane mais en aucun cas avec le mortier-colle utilisé
lors de la fixation de l’isolant dans le cas d’une pose collée ou
fixée-calée ni avec un mortier de sous-enduit.
Fixation mécanique : quel perçage choisir ?
« On ne le dira jamais assez… » insiste Hervé Ravenet, chef produit ITE chez Saint-Gobain Weber, « la qualité du perçage est fondamentale pour la bonne tenue de la cheville. » Il est donc indispensable de respecter les prescriptions concernant les distances par rapport au bord du mur ainsi que les entraxes pour éviter tout risque d’éclatement ou de fissuration du matériau support, de réaliser une profondeur de perçage plus importante que la profondeur d’ancrage, de nettoyer le trou de perçage pour éviter que des résidus de poussière ne réduisent la capacité de charge de la cheville et, enfin, d’adapter son mode de perçage au matériau constituant le support à isoler. Au choix, perçage en rotation sans percussion (forêt au carbure, en acier ou spécial maçonnerie) pour les matériaux perforés ou à faible résistance, perçage par percussion (rapide, à faible intensité) ou au marteau perforateur (lent, à forte intensité) pour les matériaux de construction pleins à structure dense.
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