Il y a 7 ans et 180 jours
Ateliers Jean Nouvel : Louvre Abou Dabi
Jean Nouvel n'est plus à présenter. Concepteur de l'Institut du monde arabe à Paris (5e) en 1982, de la Fondation Cartier (14e) en 1994, ou encore de la Philharmonie de Paris (19e) il y a deux ans, cet amoureux des musées livre aujourd'hui le Louvre Abou Dabi (Émirats arabes unis). Une réalisation située entre mer et désert, conçue comme une ville entièrement dédiée à l'art.
Située sur l'île artificielle de Saadiyat, l'institution bénéficie d'un positionnement extraordinaire, entre terre, ciel et mer, sur ce qui est en passe de devenir le prochain quartier culturel de l'émirat et un des plus grands du Moyen-Orient, voire du monde, notamment grâce aux cinq projets architecturaux majeurs qui verront y le jour dans les années à venir : le Guggenheim, dont les plans sont confiés au maître d'"uvre canadien Frank Gehry ; le musée Sheikh Zayed, en cours de construction, dirigé par Foster + Partners ; le Performing Art Center, imaginé par Zaha Hadid et le Maritime Museum du Nippon Tadao Ando. Les plus grands noms de la discipline, réunis sur un territoire à l'origine complètement vierge.
" Pour qu'un projet soit bon, il faut qu'il soit à la limite de la réalité et de l'utopie. " Jean Nouvel, architecte
Pensé comme une agora grecque, soit un lieu de vie, de passage et d'échange, le Louvre Abou Dabi se déploie sur 97 000 mètres carrés en 55 bâtiments. Parmi ces constructions parallélépipédiques, 26 sont indépendantes et accessibles via des rues semi-intérieures entrecoupées de larges bassins dans des canaux semi-intérieures fragmentent l'ensemble " comprenant les structures d'accueil et de billetterie, le musée des enfants, les expositions temporaires, les espaces de repos ou encore les bâtiments administratifs ", et 29 sont reliées entre elles par des corridors et abritent les galeries des collections permanentes. L'ensemble est recouvert d'un dôme inspiré de l'architecture traditionnelle arabe. Loin d'emprisonner les visiteurs comme dans le roman éponyme de Stephen King, ce dernier, d'un diamètre de 180 mètres " composé de quatre couches intérieures en aluminium structurelles et quatre autres extérieures en acier inoxydable, choisi pour sa résistance au temps ", filtre le soleil à la manière des moucharabiehs orientaux et crée des motifs tachetés sur les façades constituées de 3 900 panneaux de béton fibré blanc. La nuit, cette couverture poreuse perchée à 36 mètres de hauteur et portée par quatre piliers dissimulés dans les galeries de l'institution, s'illumine de 7 850 étoiles " leds ", lui conférant un aspect féérique, aérien.
" On prend conscience de l'architecture par l'"il, par la lumière, la nuit c'en est une autre. Ici, le dôme via cette "pluie de lumières" est un jeu cinétique qui traduit la conscience de l'instant et de l'éternité. " Jean Nouvel, architecte
Un ensemble démesuré qui ne pouvait prendre place que dans un territoire comme Abou Dabi qui compte parmi ses sites phares l'Aldar HQ Building réalisé par MZ Architects ou encore la Etihad Tower 2 imaginée par DBI Design et culminant à plus de 300 mètres de haut . La spiritualité et la tradition constructive locales s'allient ici dans un ensemble contemporain qui complète le skyline de la ville, peuplé de gratte-ciels. Une réalisation à l'image de la capitale émiratie, tiraillée entre attrait pour la modernité et volonté de préservation des traditions.
Outre son inspiration arabe, l'équipement porte le sigle d'une institution française, mondialement connue, et lourde de sens : le Louvre. L'enjeu consistait donc, au sein de ses murs, à conjuguer étiquette et collections occidentales, jusqu'à ce que le Louvre Abou Dabi se constitue la sienne. Ainsi, une rose des vents centrale extérieure a été installée par le concepteur, agrémentée des noms des villes majeures dans le monde de l'art et d'éléments cartographiques qui s'étendent sur le sol et les parois, rappelant ainsi que le Louvre Abou Dabi est non seulement un musée national mais également international, situé à la confluence d'un grand nombre de pôles créatifs et intellectuels. Ici, des sculptures africaines peuvent aussi bien côtoyer des "uvres toscanes que des céramiques chinoises, et dont les 5 000 visiteurs attendus ce weekend pourront bientôt se délecter.
Une réalisation à la hauteur de ses ambitions qui promet de participer activement au développement culturel du Moyen-Orient.
Pour en savoir plus, visitez le site des Ateliers Jean Nouvel
Photographies : Mohamed Somji et Laurian Ghinitoiu