Il y a 7 ans et 224 jours
Philippe Prost / AAPP : Monnaie de Paris
Bijou d'architecture néo-classique érigé en 1776 par Jacques-Denis Antoine, l'Hôtel de la Monnaie, à Paris (6e), renaît grâce à l'intervention de l'architecte Philippe Prost, après 6 années de travaux en site occupé. Un défi de taille relevé par l'architecte français qui relie ce site d'exception et les métiers d'arts qu'il abrite.
Les amateurs de pièces, d'artisanat, d'architecture et de bonnes tables ont dorénavant un lieu en commun, la Monnaie de Paris. Sous une enveloppe datant du XVIIIe siècle, de multiples structures se mêlent en effet ici : une boutique ; un café, Frappé ; un musée, le 11 Conti ; un restaurant, celui de Guy Savoy ; et des ateliers d'outillage et de gravure ; dans ce qui est la dernière usine de Paris. Un village d'irréductibles Gaulois situé au c"ur du mythique quartier de Saint-Germain-des-Prés où sont encore frappées des médailles et quelque 200 000 pièces par an ! dont une partie de celles de 2 euros. " Ce n'est pas une réserve d'Indiens ou Disneyland ", revendique ainsi haut et fort son PDG, Aurélien Rousseau. Patrimoine architectural, artisanal et artistique sont donc mis ici à l'honneur, avec une collection composée de pas moins de 170 000 "uvres, dont 35 000 monnaies.
Le projet de Philippe Prost rend son aspect originel au bâtiment de Jacques-Denis Antoine, qui, à force de rénovations, s'était vu obstrué et dénaturé. Plus globalement, il redonne ses lettres de noblesse à cet édifice de 1,3 hectare classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, situé entre les quais, la rue Guénégaud, l'impasse de Conti et un îlot bâti dense : la Parcelle de l'an IV. Pour ce faire, le maître d'"uvre ajoute deux entrées et crée un nouveau parcours intérieur autour duquel s'organisent les différents programmes, tout en permettant au lieu de continuer ses activités durant la durée des travaux. La manufacture est dorénavant clairement montrée, revendiquée, et devient elle-même une partie musée ; un musée vivant : le " 11 Conti ", une balade architecturale où alternent galeries et ateliers. Dès lors, l'architecte imagine une scénographie en lien avec la production du lieu " contrairement aux espaces d'exposition temporaires, qui, elles, traitent de tout sujet, et prennent place dans l'étage des nobles, face à la Seine. Si la plupart des objets de la collection permanente sont placés dans des vitrines, d'autres prennent place sur des tables de frappe d'origine ou sur du mobilier évoquant l'artisanat numismatique.
Ainsi, la frappe de monnaies retrouve une place de choix dans la cour d'honneur et est agrémentée de divers studios spécialisés, éparpillés tout le long du monument. Un nouvel atelier d'outillage et de gravure voit également le jour à la place de l'ancien mur d'enceinte. Il est entièrement recouvert de panneaux de cuivre perforés métaphorisant les planches dans lesquelles sont découpés les flans des pièces.
" L'utilisation du métal dans le projet relie le lieu à l'"uvre. Il est symbole de transformation, non pas du pas du métal, mais du bâtiment. " Philippe Prost, architecte
Pour finir, l'architecte dessine une nouvelle boutique dans l'ancienne fonderie du quai de Conti, mise en valeur par un puit de lumière zénithal provenant d'une lucarne culminant à 17 mètres de hauteur. Ce lieu commerçant, largement vitré, l'un des seuls espaces visibles depuis l'extérieur, constitue la vitrine du projet. " Ouvrir la Monnaie de Paris sur la ville n'était pas facile car il s'agit d'un site régalien, qui devait pouvoir se protéger, se défendre ", livre l'architecte.
Si le monument vient de rouvrir ses portes, le projet ne prendra fin qu'en 2019, avec la création d'un nouveau passage et d'un jardin en partie est, côté Parcelle de l'an IV. L'occasion de redécouvrir ce lieu situé à mi-chemin entre architecture classique et contemporaine, entre art et industrie.
Pour en savoir plus, visitez le site de Philippe Prost
Photographies : adagp